LOTTE
Kiki - Kiki's Delivery Service
Informations
Nom complet
Lotte
Surnom
La gloutonne
Âge
87 ans / 3 décembre
Nationalité
//
Occupations
Exilée, ancienne aspirante
Race
Éternelle
Univers d'origine
Nom de l'univers
Mag mell
Lien
Contexte
Avez-vous déjà songé à ce qu'il pourrait y avoir de l'autre côté du miroir ? Et si un jour la curiosité est trop forte et que vos doigts frôlent ce reflet qui semble vous hanter. Vous voilà basculant dans un autre monde. Un monde peuplé par les Eternels. Des êtres immortels aux puissants pouvoirs, qui habitent la radieuse cité d'Andraste.
Et voilà qu'humain, vous découvrez le pays des merveilles, guidé par votre Anima une petite crétaure qui s'est liée à vous, vous offrant des pouvoirs surnaturels.
Et voilà qu'éternel : votre monde est envahi d'humains. Vous l'être sur qui le temps n'a aucune emprise, habitué à ce monde baigné dans la nature et la magie.
Et voilà qu'humain, vous découvrez le pays des merveilles, guidé par votre Anima une petite crétaure qui s'est liée à vous, vous offrant des pouvoirs surnaturels.
Et voilà qu'éternel : votre monde est envahi d'humains. Vous l'être sur qui le temps n'a aucune emprise, habitué à ce monde baigné dans la nature et la magie.
Spécificités
En tant qu'éternelle née dans une fleur de lotus : Lotte n'âge pas. Son corps d'aspect juvénile et aux allures fragiles restera son enveloppe à tout jamais, comme échappante au tic tac assasin.
Cette condition s'aligne avec à une pouvoir tout particulier : Aval'Mot.
Cette condition s'aligne avec à une pouvoir tout particulier : Aval'Mot.
Spoiler :
Lotte fut la première surprise lorsqu’elle régurgita un gros livre en cuir aux pages jaunies dans lequel se trouvait un crayon en bois et une gomme. Il ne fallut pas longtemps à la facétieuse petite pour s’apercevoir qui lui suffisait de penser fort à une personne, puis d’écrire dans son cahier un mot ou un nom avant d’enfin ravaler son livre pour que la personne visée soit incapable de se souvenir du dit mot. La brunette se rendit aussi vite compte que non seulement la victime de ses facéties ne pouvait s’en souvenir, mais également qu’elle était incapable de lire, de l’entendre ou d’en s’en souvenir quelque-soit la manière qu’elle emploie. Seul le bon vouloir de Lotte peut lui rendre son mot, car personne d’autre non plus n’est capable d’écrire ou de gommer ce qu’il se trouve dans son livre-estomac.
Description
Spoiler :
Lotte, c'est une Lune.
Brillante. Faut dire qu’elle a toujours le nez plongé dans les bouquins, noyant attention téméraire dans la prose. C’est comme ça, elle aime les mots Lotte. elle les dévore même. C’est comme une douce musique à ses oreilles. Un bonbon pour ses papilles. Le genre de douceur qu'elle connait bien - si bien qu’elle peut la détailler comme on livre une fable apprise au coeur. Éloquence, quand tu nous tiens. C’est presque comme un jeu pour elle : livres après livres, elle aspire les mots ; les décortique ; les épluche ; les arrange ; jusqu’à que plus rien n’aie vraiment de sens, et seulement alors, elle les balance comme ils lui plaisent. De son patois naturel, pas toujours aisé, parfois exigu.
Car le bon mot : c'est une tradition pout elle.
Mais toujours mot s’il en est : réfléchi et au service de sa Majesté. Sa reine à elle - c’est la religion. Pieuse petite Lotte, ne lui parlez pas ni de sang, ni de viande, elle déteste ça, en accord avec les préceptes de sa religion. La croyance fait partie d'elle et elle ne rechigne jamais à la tâche quand il faut servir son Culte. Car c’est une bosseuse Lotte, c’est comme ça. Elle fait ce qu’il doit être fait : ménage, couture, apprivoisement, tri… Rien ne résiste à ses petites mains, doigts de fées et volonté de fer. Dans son petit coin, Lotte réfléchit, observe, balaye, pense et soupèse ; elle apprend et doucement -tout doucement, pierre après pierres, mot après mot- elle se fraie un chemin vers son objectif final : Chargée de sanctuaire. Une sorte de papesse pour sa précieuse déesse.
Ambitieuse, Lotte ? Oui et non.
C'est juste qu'elle sait ce qu'elle veut. Et si destinée choisie par sa déité, il existe pour elle, c'est évident : elle sera mère. Car c'est avant tout ça qui motive notre chère petite brunette. Un instinct. Un instinctn, supposé humain, supposé impur - alors elle le cache. Mais il est là, bien présent, affolant son palpitant. Elle ne peut pas opposer milles résistances. Il parcourt son corps et ordonne ses sens, sans ménager son âme. Douce Lotte, qui prend soin des autres... Et les dirige aussi - vraie figure maternelle. Une main de fer dans un gant de laine.
Lotte, c'est une Lune certes... Mais éclatée, en milles morceaux.
Malheureusement pour la jeune éternelle, le chemin tout tracé qu'elle pensait suivre et semé d'embûches. Pas qu'elle manque de courage, la brunette : mais comment détruire un obstacle quand il s'incarne en nous ? Car elle est moins lisse, ronde et parfaite qu'elle aimerait le faire croire, la petiote. Une certaine impatience aiguise son caractère, ça lui bien couté sa place quand cette première a épousé la curiosité (qui n'est pas toujours une qualité). Et si elle aimerait comme son prénom le suggère incarner à elle seule : toute la pureté des lotus blanc du Lac de l'Éternité, elle se rapproche tout autant d'un cactus.
Piquante, la brunette ? A peine...
Ne vous fiez pas à sa sensibilité et à ses airs fragiles, car elle n'aurait aucun mal à tenir une joute verbale des plus violentes, des plus sanglantes. Ey il faut se farcir ses farces, réputées pour leur efficacité toute démoniaque. Particulièrement efficaces.
Parce-qu'au fond, l'octogénaire qu'elle est, est toujours une enfant et elle ne dirait pas non à quelques moqueries, coquetteries et humiliations, typique de son âge.
Brillante. Faut dire qu’elle a toujours le nez plongé dans les bouquins, noyant attention téméraire dans la prose. C’est comme ça, elle aime les mots Lotte. elle les dévore même. C’est comme une douce musique à ses oreilles. Un bonbon pour ses papilles. Le genre de douceur qu'elle connait bien - si bien qu’elle peut la détailler comme on livre une fable apprise au coeur. Éloquence, quand tu nous tiens. C’est presque comme un jeu pour elle : livres après livres, elle aspire les mots ; les décortique ; les épluche ; les arrange ; jusqu’à que plus rien n’aie vraiment de sens, et seulement alors, elle les balance comme ils lui plaisent. De son patois naturel, pas toujours aisé, parfois exigu.
Car le bon mot : c'est une tradition pout elle.
Mais toujours mot s’il en est : réfléchi et au service de sa Majesté. Sa reine à elle - c’est la religion. Pieuse petite Lotte, ne lui parlez pas ni de sang, ni de viande, elle déteste ça, en accord avec les préceptes de sa religion. La croyance fait partie d'elle et elle ne rechigne jamais à la tâche quand il faut servir son Culte. Car c’est une bosseuse Lotte, c’est comme ça. Elle fait ce qu’il doit être fait : ménage, couture, apprivoisement, tri… Rien ne résiste à ses petites mains, doigts de fées et volonté de fer. Dans son petit coin, Lotte réfléchit, observe, balaye, pense et soupèse ; elle apprend et doucement -tout doucement, pierre après pierres, mot après mot- elle se fraie un chemin vers son objectif final : Chargée de sanctuaire. Une sorte de papesse pour sa précieuse déesse.
Ambitieuse, Lotte ? Oui et non.
C'est juste qu'elle sait ce qu'elle veut. Et si destinée choisie par sa déité, il existe pour elle, c'est évident : elle sera mère. Car c'est avant tout ça qui motive notre chère petite brunette. Un instinct. Un instinctn, supposé humain, supposé impur - alors elle le cache. Mais il est là, bien présent, affolant son palpitant. Elle ne peut pas opposer milles résistances. Il parcourt son corps et ordonne ses sens, sans ménager son âme. Douce Lotte, qui prend soin des autres... Et les dirige aussi - vraie figure maternelle. Une main de fer dans un gant de laine.
Lotte, c'est une Lune certes... Mais éclatée, en milles morceaux.
Malheureusement pour la jeune éternelle, le chemin tout tracé qu'elle pensait suivre et semé d'embûches. Pas qu'elle manque de courage, la brunette : mais comment détruire un obstacle quand il s'incarne en nous ? Car elle est moins lisse, ronde et parfaite qu'elle aimerait le faire croire, la petiote. Une certaine impatience aiguise son caractère, ça lui bien couté sa place quand cette première a épousé la curiosité (qui n'est pas toujours une qualité). Et si elle aimerait comme son prénom le suggère incarner à elle seule : toute la pureté des lotus blanc du Lac de l'Éternité, elle se rapproche tout autant d'un cactus.
Piquante, la brunette ? A peine...
Ne vous fiez pas à sa sensibilité et à ses airs fragiles, car elle n'aurait aucun mal à tenir une joute verbale des plus violentes, des plus sanglantes. Ey il faut se farcir ses farces, réputées pour leur efficacité toute démoniaque. Particulièrement efficaces.
Parce-qu'au fond, l'octogénaire qu'elle est, est toujours une enfant et elle ne dirait pas non à quelques moqueries, coquetteries et humiliations, typique de son âge.
Croyante -pieuse - réfléchie - facétieuse - ambitieuse - piquante -fragile -pleine d'idées préconçues -travailleuse - sûre d'elle - confiante - instinct maternel surdéveloppé - éduquée - passion pour la lecture - éloquente - impatiente - cultivée - boudeuse - habile de ses mains - agile, rapide et furtive - peu voire aucune force physique- casanière - têtue - curieuse - rêveuse -a plus de connaissances théoriques que pratique - fière - outrecuidante - farceuse - sait tenir une maison - autoritaire - parfois naïve
Histoire
AVANT O&E :
Tout avait commencé comme cela commence pour n’importe quel éternel, dans cet étrange monde : emmitouflée dans les longues feuilles d’un lotus blanc, dans le lac de l’éternité.
Lotte se souvenait très bien de cette nuit là. La première chose qu’elle vut furent les fragments de la lune brisée brillaient dans le ciel. Puis une main, aussi blanche que l’astre vint cacher cette apparition quasi spectrale. Sa propre main. La brunette avait un temps observé le membre avec curiosité avant de se rendre compte que c’était tout un corps qui la composait. Elle avait alors caressée -avec cette petite main étrange- ses couches de peaux blanchâtres, tout aussi étranges. Se saisissant quelques secondes d’un pied qui semblait fait pour trottiner avec élégance. Puis la main remonta le long du corps gracile qui - à l’image de l’astre qui lui avait donné sa couleur - semblait prêt à se briser à la moindre écorchure. Enfin ses doigts en rejoignirent d'autres et si ils s’attardèrent un moment dans des courtes mèches aussi sombres que le reste du ciel, ainsi que sur un visage rond et sculpté, ils ne mirent pas longtemps à se passionner pour ses morceaux de chair et d’os qui les habitaient.
-Vous avez vu ses doigts ! Elle est faite pour un travail délicat ! Furent les premiers mots qui frappèrent les oreilles de l’enfant lune.
Très vite rejoints par d’autres sons, qui semblaient habillés de deux ou trois voix différentes. C’était étrange pour la nouveau né. Cela parlait, parlait et parlait encore. On disait que c’était trop tôt pour savoir, on espérait quelqu’un du culte et pas un de ces chasseurs amoureux de l’impur. Le corps, gracile et faible, ne comprenait pas le sens de tous ses mots à vrai dire, aussi se laissa t’il faire quand des mains se posèrent sur lui, le sortirent du lac et lui apprirent à marcher. Mais l’esprit… L’esprit lui, écoutait avec tant d’attention qui semblait déjà décortiquer les mots ; le sens lui échappaient encore certes, mais il appréciait les diverses déclinaisons qui s’offraient ainsi à lui, les ressemblances, les familles qui se formaient dans ces synapses en branle. C’était un véritable délice à vrai dire, comme un festin abondant de termes qui sonnaient comme la plus délicate des musiques.
Lotte était née.
Et la petite Lotte savourant tous ces mots et ces sensations nouvelles, ne remarqua pas tout de suite que d’autres voix extrayaient du bassin deux autres enfants - des triplés.
On aurait dit un serpent qui passait la tête de terrier en terrier, recherchant quelconque lapin pour se substanter. L'aiguille de Lotte passait à travers le tissu avec une précision remarquable et la brunette ne le cachaient pas le moindre du monde à ses deux camarades. Bombant quelque-peu le torse, elle leva la main, attirant presque irrémédiablement sa chargée de sanctuaire, responsable de son éductaion.
-Jolis points Lotte ! Bon travail !
On n'aurait pas pu voir plus grande fierté dans les yeux corbeaux de l'éternelle alors que son frère et sa soeur se retournèrent vers elle, un air dépité gravé sur le visage. Ondin, le grand garçon aux airs de quarantenaire en était encore à essayer de saisir l'aiguille, alors que Blanche - la belle et sulfureuse rousse - se battait avec son aiguille pour copier comme elle le pouvait sur Lotte.
Justement cette dernière se débarrassait déjà de ses gants (simple précaution pour elle qui ne risquait pas de faire couler le sang, un acte considéré comme impur dans sa religion) sortait déjà un livre, prête à le dévorer.
Et alors que la chargée de sanctuaire inspectait la toge fabriquée par la jeune éternelle, elle observa quelques-instants les trois jeunes éternels qui lui faisait face.
Tous trois des bons éléments, chacun à sa manière. Ondin était un grand sportif, classiquo basique, un peu idiot qui se destinait aux chasseurs - au grand dam de ses deux soeurs. Elles espéraient toutes deux rejoindre le Culte. Enfin... C'était surtout Lotte qui rêvait du Culte. La pauvre Blanche ne faisait que suivre : elle était moins que Lotte que Lotte. Moins habile, moins réfléchie, moins appliquée... Et la plus chétive dépassait largement son adelphe, et ce, dans tous les domaines. Quel dommage que Blanche n'aie pas d'objectif propre de voie qu'elle se serait elle même dessinée, elle possédait pourtant une grande humilité ainsi qu'une ruse légendaire.
Alala, dire que ces trois là allaient participer au prochain baptême prochainement. À n'en pas douter : Lotte était la plus prometteuse de tous.
La pomme de terre plongea dans le seau d'eau, créant à sa suite un bal d'écume. La main blanchâtre la fit tournoyer avant de la sortir soudainement : éclaboussant les dalles de pierre au sol. Le pauvre légume se retrouva ensuite jeté dans un seau de bois comme un malpropre. Emprisonné sur les cadavres de ses soeurs. Sans considération aucune pour le destin tragique du tubercule, la main se saisit prestement d'une autre pomme de terre. Puis, armée de gestes précis et d'un économe - déshabilla la précieuse bourgeoise populaire. Voilà plusieurs heures que les doigts s'affairait ainsi sur des patates, si bien qu'elle était recouverte d'épluchures et que la paume rougissait dangereusement.
Lotte secoua la tête, comme pour tenter d'oublier que du vrai sang coulait dans ses veines. La petite brune se concentrait uniquement sur son objectif : éplucher huit-cents patates pour le repas de ce soir. Huit-cent. C'était beaucoup quand on y pense.. Et la brunette s'interrogea un moment, combien de chargées et de nouveaux nés habitaient les couloirs du lieu, au juste ? Elle voyait toujours le même petit groupe de personnes : les chargés responsables de son éducation, ainsi que ses adelphes aspirants. A vrai dire l'enfant Lune doutait même d'avoir croisé un seul nouveau né depuis qu'elle avait réussi à rentrer -ou plutôt à rester en tant qu'apprentie- au sanctuaire comme aspirante. C'était étrange, cela faisait quand même plusieurs couples d'années qu'elle trimait, effectuant chaque besogne sans rechigner et on ne lui avait pas encore permis d'assister à une seule naissance.
Pourtant elle avait bien tout lu à ce sujet ; et était certaine d'être prête, dommage que sa chargée ne le remarquait pas elle.
-Pff. J'en ai assez d'épluchez, de balayer, d'astiquer... râla Blanche comme pour confirmer les pensées de sa jumelle.
Lotte plongea son regard corbeau sur le corps formé de sa rouquine de soeur -même sous sa longue toge noire (typique des aspirantes) on pouvait voir qu'elle avait une apparence beaucoup plus mature que la brune. Pourtant, plus le temps avançait et plus Blanche faisait preuve d'un manque flagrant de maturité, elle n'arrêtait pas de râler etd'houspiller, et faisait la plupart de ses corvées sans aucune once de motivation. Tout le contraire de Lotte - et parfois Blanche énervait la brune, elle l'exaspérait même. Elle qui faisait tant d'effort pour être parfaite était sans cesse rabaissée par le comportement paresseux de la rousse - par malheur lié à elle, par le destin de la naissance. Pourtant la brunette aimait profondément la rousse, après tout, depuis que Ondin était parti pour rejoindre les chasseurs c'était la seule "famille" qui lui restait.
-Certaine ? Je n'ai pas eu loisir d'observer ta corvée entamée.. Lança malicieusement Lotte en jetant des coups d'oeil successifs à son seau et à celui de sa soeur - inégalement remplis.
Tout autant vexé, qu'amusée, la rousse claqua des doigts. C'est alors qu'une partie de l'eau du seau s'envola : quelques gouttes vinrent frapper le visage pur et blanchâtre de Lotte qui se mit à rire face aux attaques de sa petite soeur. Malgré son caractère de cochon paresseux ; Blanche avait obtenu un pouvoir extraordinaire : elle était capable de contrôler l'eau. Pratique pour le linge ; la rousse n'avait pas besoin de passer par le lavoir. Faisant fi de la gravité, voilà de grosses poches d'eau qui s'envolèrent et propulsèrent diverses plus petites gouttelettes sur la brune. Loin de se laisser faire, Lotte attrapa son balai posé nonchalamment sur le sol et donna un coup magistral dans la bulle d'eau, celle ci éclata !
-Ahhhh ! cria Blanche Tu va voir, l'enfant Lune ! Aha !
Blanche s'était maintenant levé et créa une légère pluie évanescente, qui éclaboussait les cheveux noirs charbons de Lotte. Les deux éternelles jouèrent un moment. Leurs rires rebondissant en écho sur les murs du sanctuaire alors que leurs pieds nus entamait une course poursuite légère, presque spatiale sur les dalles. Lotte courait et riait à s'en percer les poumons. C'est vrai que parfois, elle se disait que la vie au sanctuaire passait pour ennuyeuse aussi ne crachait t'elle jamais sur un moment d'égarement et d'amusement. La petite brunette se réfugia derrière un pan de mur, avant de s'accroupir, d'écarter sa mâchoire pour vomir un énorme livre à la reliure en cuir. Ce dernier faisait au moins la taille de sa tête. Lotte n'y faisait plus attention mais elle savait que c'était un spectacle étrange lorsque sa bouche s'élargissait ainsi pour laisser passer son livre-estomac. Elle ouvrit le carnet à une page au hasard, se saisit du crayon de bois accroché à celui-ci et écrivit en ricanant quelque-chose sur une page déjà noircis de mots illisibles. Puis elle sortit de sa cachette en souriant de toutes ses dents, voilà la rousse qui se retourna vers elle ; et s'apprêta à lui lancer une fulgurante attaque pistolet à eau : lorsque Lotte se créa un abri,avec ses armes favorites - es mots.
-Dis-moi, dis moi... Quel est ton patronyme, déjà ?
L'éternelle qui lui servait de soeur, fronça un instant les sourcils avant de (d'un claquement de doigt) faire retourner l'eau dans les seaux qui servait à nettoyer les pommes de terre.
-Je.. Oh non, Lotte, c'est pas drôle, pas encore ! rends moi mon nom ! se plaignit la rousse en sautant sur sa soeur éternelle
Les deux amies se retrouvèrent l'une sur l'autre, leurs rires cristallins semblaient habillaient leurs deux corps d'une douce chaleur, alors la rousse chatouillait la brune qui était complètement victime des doigts de la son adelphe. Mais le brouhaha des ses jeux enfantins finit par atterrir dans les oreilles d'une chargée de sanctuaire, qui accourut vers les deux soeur, les sépara, frçant Lotte à gommer le nom de sa soeur et ainsi à lui rendre. La responsable les réprimanda ensuite longuement.
Lotte et Blanche fixèrent leurs pieds nus, tout en observant leur reflet honteux se reflétait sur une flaque d'eau pathétique, au sol. Elles écoutèrent avec attention les réprimandes de leur supérieure mais à la vérité, Lotte savait parfaitement ce qu'elle avait à se reprocher.
Et ce qu'elle n'avait pas aussi...
-Si seulement vous nous laissiez vous aidez avec les nouveaux nés ! Vous savez que nous sommes prêtes, pourtant ?
L'arrogance et la présomption de l'enfant lune semblèrent choquer l'éternelle la plus âgée, qui se décomposa littéralement. Cette enfant manquait d'humilité à ne pas en douter.
-Ce que je sais, c'est que vous en êtes encore à vous chamailler. Vous nous aiderez avec les nouveaux nés quand il sera temps. Pour le moment nettoyez-moi tout ce bazar. répliqua t'elle sèchement.
Des nuages de poussières se croisaient et se décroisaient sans cesse. Aspirés par l'ample sifflement des balais de paille sur le sol. Cela faisait plusieurs heures que Blanche et Lotte rassemblait la poussière en un gros tas, à tel point que le soleil commençait à disparaitre, incendiant le ciel. Mais ni la rousse, ni la brune n'avait envie de s'extasier sur le beau spectacle des grains de poussières illuminés par le crépuscule. Car aujourd'hui était un grand jour pour la génération qui les suivait directement, aujourd'hui : ils allaient tous rencontrer l'oracle et commençait à dessiner leur destin. Et aujourd'hui les deux jeunes éternelles s'impatientait d'autant plus. Ménage, ménage, ménage... Leur éternité semblait particulièrement lassante et les deux soeurs ne rêvaient que d'un peu de confiance en leur capacités. Mais pour le moment, seul leurs balais avait pleinement confiance et dépoussiérait ces longs couloirs de pierre.
Tout aurait pu se passer normalement : les deux soeurs auraient fini de balayer, ce serait mise au souper avant d'enfiler leur toges du soir et de s'endormir dans leur dortoir. Tout aurait pu bien se passer. Si et seulement si, il n'y avait pas eu ce bruit.
Un bruit d'eau.
Intrigué, Lotte attrapa sa soeur par le bras et la traina vers le source du bruit. Bruit qui se répétait sans cesse. Elle tourna à droite vers le bruit, puis à gauche en direction du bruit et traversa un dédale de couloirs guidé par le bruit .
Blanche -soumise- se laissa ainsi trainer en criant toutefois plusieurs fois qu'elle devait finir leur travail avant. Mais la curiosité de Lotte était bien trop forte, après toutes ces années sans autre bruit que ses espoirs.
Finalement elle arriva au bruit.
Et son coeur rata un battement.
Elle n'était jamais revenue ici, depuis sa naissance - mais s'en souvenait parfaitement.
Le lac de l'éternité.
Et là bas, au centre du lac : une silhouette ; masculine et imposante. Et qui gesticulait en tout sens. Lotte fixa l'éternel les yeux brillants, mais sa soeur semblait moins enjouée.
- C'est surement arrivé pendant la relève... Lotte il faut qu'on aille prévenir une chargée. dit elle en se faisant volte face.
Mais le mouvement de la rousse fut brusquement stoppé par une petite main contre sa poignée. Lotte serrait fort sa soeur, un air déterminé sur le visage.
-Tu ne comprends pas Blanche. Un éternel nait -sans surveillance- et nous le trouvons. C'est notre déesse qui nous fait signe. C'est enfin l'occasion de montrer que nous sommes prêtes !
Blanche jeta un oeil curieux sur sa soeur. Elle pensait vraiment avoir était choisie par leur déesse ?
La brune avait fait toujours fait preuve d'arrogance, mais rarement elle ne s'était ainsi vendue. Blanche, elle, avait avait le moins le mérite d'être humble. Et surtout elle pensait vraiment qu'il était préférable de prévenir une chargée. Mais ses timides arguments ne faisait pas le poids face à l'éloquence quasi-mystique de la brune et les deux soeurs posèrent vite leurs balais, et se retrouvait maintenant à moitié immergée dans le lac, marchant jusqu'à la silhouette.
A mesure qu'elle s'approchait Lotte détaillait avec attention l'éternel : il était grand et imposant -beaucoup plus que encore qu'Ondin. Quand elle arriva à son niveau, elle jeta un coup d'oeil mi-anxieuse, mi-surexcitée à sa soeur, alors que ses deux petites mains blanches entourait l'un des bras musclés de l'éternel. Quand les deux furent sures qu'elle tenaient toute deux bien le nouveau né, Lotte fit un signe de tête et elle soulevèrent de toutes leurs forces l'éternel sans nom.
-On va t'apprendre à marcher d'abord. Je sais que c'est étrange, tu dois te poser pleins de questions. articula doucement Lotte.
Des questions. Il s'en posait c'était certain... Mais pas patient, il ne voulait pas attendre les réponses et se mit à gesticuler. Sa trop grande force qu'il ne contrôlait pas encore firent tomber à la renverse Lotte et Blanche. L'éternel resta pantois quelques instants face à à la mini vague soulevée par les deux filles, avant de se laisser tomber à son tour, face contre terre, dans le lac.
Trempée, frigorifiée, effrayée : Blanche tremblait de plus en plus. Oh non ce n'était pas une bonne idée. Même la suiveuse qu'elle était ne pouvait prendre de si grands risques pour sa soeur, aussi elle se releva rapidement et courut, disparaissant dans les sombres couloirs. Lotte se releva quelques secondes à peine et ses cris ne suffirent pas à arrêter la fuite effrénée de sa soeur. Peu à l'aise, elle regarda à droite puis à gauche avant de refixer son attention sur l'éternel qui... se noyait.
Le coeur de Lotte ne fit qu'un tour, elle plongea sous le nouveau né et poussa de toutes ses forces avec ses petits muscles de fillette. L'éternel s'agitait comme n'importe quel nouveau né le ferait mais son poids et sa taille n'était pas celle de n'importe quel nouveau né. Aussi Lotte eut beaucoup de difficulté à le retourner et à la ramener au bord du lac. L'éternel était si agité : ses bras gesticulaient en tout sens. Et combiné au peu de force physique accordée à la brune, rendait la tâche ardue.
Le bruit du corps de l'éternel contre le marbre qui entourait le lac résonna dans tout le sanctuaire. Lotte, essoufflée, vérifia que le nouveau né respirait encore - merci à sa déesse, c'était le cas. La petite brune expira longuement alors que l'éternel masculin s'éveillait lentement de ce qui semblait n'être qu'une sieste.
Ploc.
Le bruit distinct d'une goutte. Intrigué l'enfant lune regarda à ses pieds et observait maintenant un léger filet de rouge qui s'évaporait dans l'eau pure du lac. Ses yeux s'écarquillèrent, tout son corps se mit à trembler alors qu'elle montait doucement sa main vers son nez. Un liquide, chaud s'en échappait.
de la morve Du sang.
Lotte vit son monde s'écrouler, il lui semblait que son âme se décomposait en des milliers de fleurs de cerisier qui s'envolait doucement au vent. Laissant son corps -simple tronc d'arbre- mourrir petit à petit. Sa pensée n'avait plus aucun sens. Les mots perdaient tout leur charme. Et son rêve disparut comme un mirage sous le désert. La pauvre petite ne pensait plus, ne bougeait plus. Seuls ses yeux semblaient encore vivants, tant que son corps pâlit perdant deux trois nuances de blanc. Des yeux qui s'écarquillait face à la terrible évidence : du sang, son sang tombé dans le lac.
Et ce rouge, ce terrible rouge s'imprima lentement dans l'esprit de la brune. Tatouant au fer brulant tous ses souvenirs. Lotte n'entendit pas de suite les pas pressés qui accoururent vers elle.
- Blanche ! Ton pouvoir !
La brune ne comprenait plus ce qui l'entourait, une phrase jeté dans l'oreille d'une sourde, d'une illettrée. Seul le sang mélangé à l'eau. Cette portion qui s'envolait maintenant, quittant pour jamais le lac de l'éternité. Lotte elle, restait immobile, inutile. La voilà soulevé de terre et pressée contre un mur, face à elle des chargés de sanctuaires qui lui hurlait dessus sans qu'elle ne comprenne rien. Passive.
Et soudain dans cette obscurité ambiante, quelques mots sortirent, petites bougies placées là par hasard :
-Ah... Blanche est partie. On pouvait le faire à deux mais.. C'est pas ma...
Un cri vint couper les mots par un autre : "menteuse !" et le visage de Blanche qui apparait : haineux. Dessinant par des rides toute l'envie et la jalousie accumulée jusque-là dévoilant une réalité toute autre.... Blanche est tout de suite partie prévenir les chargés. Blanche n'est pas rentré dans le lac, sa robe n'est même pas mouillé. Lotte ne prend même pas la peine de se demander ce que dit sa soeur, elle n'essaie pas de comprendre comment elle construit son mensonge, comment son pouvoir a désengorger de sa toge toute l'eau. Non. Elle est trop fragile, la lotte. Trop brisée. Et ses mots qu'elle aime tant viennent soudainement lui arracher une part de son âme :
Sang.
Trahison.
Exil.
Voilà la lune qui se brise.
La roue tourne, la roue tourne.
Le grincement du bois du chariot semblait répondre en écho aux lourds pas de la bestiole accrochée au chariot. L'expédition s'enfonçait de minutes en minutes dans une foret de plus en plus sombre, de plus en sauvage. Mais les ombres des cimes n'étaient rien en comparaison de celles qui habitaient l'esprit de la plus chétive de l'expédition.
Lotte regrettait déjà le confort du sanctuaire, la petite brune était coincée entre deux sacs de provisions, les mains enfermées dans une corde nouée. L'éternelle n'avait pas dit grands mots depuis son évanouissement d'hier mais elle ne pensait pas moins et les regards noirs qu'elle jetaient à ses semblables était assez éloquents pour un si petit corps. Ces geôliers était trois jeunes aspirants presque aussi jeune qu'elle, l'un dirigeait la bête en sifflotant un air populaire tandis que ses deux camarades semblaient ignorer les rebonds de la charette et jouait aux cartes. Les trois avaient pour point commun : une aura qui dégoulinait de bêtise - et la brunette se dit qui ne lui fallait que quelques mots pour les détourner de leurs foi... Car après tout, pas question de se laisser juger par ces idiots de l'administration qui osait s'opposait directement à son guide spirituel.
Et en effet, il ne lui fallut que quelques-mots.
Le conducteur émit bien quelques réserves mais elle furent vites balayés par la verve de la pâlichonne, et rapidement cette dernière eut le plaisir de tendre ses poignets et de sentir les liens qui la serraient, se délier. Le conducteur -qui décidément semblait être le chef, le cerveau et surtout le plus arrogant- regarda les deux autres comme si c'était son idée. Cette pauvre petite allait droit dans la gueule de l'administration, autant lui offrir un peu de confort.
Grand mal lui en fasse ! Quelques minutes s'écoulèrent à peine que voilà déjà Lotte qui se saisissait d'un balai et d'un coup magistral souleva un nuage de poussière qui cacha instantanément sa fuite. Le petit gabarit de la brune lui permit d'échapper rapidement aux regards et de se faufiler entre les grosses racines d'un arbre.
Les trois aspirants paniquèrent un moment, cherchant l'éternelle un peu partout. Finalement ils finirent pas se sentir aussi bête que la brune les avaient trouvés. Et ils continuèrent leur chemin en silence, laissant la honte et l'inquiétude les envahir. Comment l'administration allait t'elle gérer cette situation ?
Loin de leurs tourments, une petite Lotte tordit son petit corps et sortit de sa cachette. Elle marcha quelques instants sur la route en sens inverse en jetant des regards inquiets de tous les cotés. Juste un peu de marche pour revenir au sanctuaire, hein ? Juste quelques pas... Mais après ?
Le crayon sillonne une page déjà noircie par un nombre incalculables de mots. Les phalanges qui le tiennent blanchissent sous l'effort, sous la colère. Et l'esprit qui le guide s'échauffent comme rarement il ne l'a déjà fait guidé par un sentiment tout nouveau : la vengeance.
Lotte réfugiée dans les hauts branchages d'un arbre des collines boisées, écrivait avec frénésie dans son précieux bouquin. Elle ne savait pas si son pouvoir marchait si la personne n'était pas présente, elle n'en avait aucune idée. Mais l'idée que sa stupide soeur se retrouve sourde, muette et illettrée l'enchantait grandement. Pardonne sa haine, grande déesse. Mais depuis que Lotte avait passé sa première nuit hors du sanctuaire, elle n'en pouvait plus. Dire que sa soeur... Avait menti. Pourquoi ? Par envie, assurément.
La petite brune attrapa un morceau du fruit typique qu'elle avait trouvé et croqua dedans. Beurk. Si seulement elle avait réussi à faire du feu... Bon au moins sa cueillette s'était bien déroulée, et elle avait trouvé à manger sans tomber sur un quelconque danger. Rangeant son livre, elle mit sa main gauche sur son front pour se protéger du soleil et regarda l'horizon. Presque sortie de la foret. Soupirant, l'éternelle attrapa une grande feuille et y enveloppa ses fruits à peine comestible. Quand elle s'était réveillée dans la foret il y a quelques jours, elle avait d'abord essayé de se rendre au sanctuaire. Sans réussite. Et face à ses peurs et aux histoires qu'elle avait entendues sur cet endroit, elle avait juré préférable de se rendre au sud même si cela faisait une trotte.
Pas bête, Lotte, savait qu'elle ne survivait pas longtemps dehors... Il fallait juste qu'elle arrive à atteindre la ville et qu'elle se faufile dans les bas fonds. Là bas, elle n'aurait aucun mal à retrouver son frère, Ondin. Les deux malgré leurs désaccords s'aimaient profondément et la brune n'avait aucun doute que le chasseur l'aide à aller plaider sa cause... Directement au Guide. Lui au moins aller reconnaitre que leur déesse l'avait choisi et ferait tout son possible -c'est à dire des miracles- pour qu'elle ne soit plus... (Oh. Lotte frissonna à cette pensée).. Exilée.
Oui, son plan était parfait ! Pensait Lotte en sautant au sol et en récupérant son balai de pailles -seule affaire qu'elle avait réussi à embarquer avec sa toge lors de mise en exil- et se mit à marcher vers le sud.
Restait à ne pas se faire bouffer en route....
L'épopée sylvestre est difficile, pour celle qui ne connaît d'aventure que les dalles du monastère. Et la fin et la saleté auront raison de sa présentation : la voilà amaigrie, les cheveux embraillées et les vêtements décousus. Là, voilà le palais sec : à courts de mots, à cours de souffle.
Et puis : libérée.
Les arbres laissent place à de grandes plaines, envahies d'étranges moutons.
Une chaumière, une bergère.
Et cette accueil chaleureux dans lequel, elle se perd.
Un bain, un repas, un sourire.
Et Lotte mentira, prétendra s'appeler Étole.
Et puis quelque part dans cette hospitalité...
Elle disparaît.
Lotte se souvenait très bien de cette nuit là. La première chose qu’elle vut furent les fragments de la lune brisée brillaient dans le ciel. Puis une main, aussi blanche que l’astre vint cacher cette apparition quasi spectrale. Sa propre main. La brunette avait un temps observé le membre avec curiosité avant de se rendre compte que c’était tout un corps qui la composait. Elle avait alors caressée -avec cette petite main étrange- ses couches de peaux blanchâtres, tout aussi étranges. Se saisissant quelques secondes d’un pied qui semblait fait pour trottiner avec élégance. Puis la main remonta le long du corps gracile qui - à l’image de l’astre qui lui avait donné sa couleur - semblait prêt à se briser à la moindre écorchure. Enfin ses doigts en rejoignirent d'autres et si ils s’attardèrent un moment dans des courtes mèches aussi sombres que le reste du ciel, ainsi que sur un visage rond et sculpté, ils ne mirent pas longtemps à se passionner pour ses morceaux de chair et d’os qui les habitaient.
-Vous avez vu ses doigts ! Elle est faite pour un travail délicat ! Furent les premiers mots qui frappèrent les oreilles de l’enfant lune.
Très vite rejoints par d’autres sons, qui semblaient habillés de deux ou trois voix différentes. C’était étrange pour la nouveau né. Cela parlait, parlait et parlait encore. On disait que c’était trop tôt pour savoir, on espérait quelqu’un du culte et pas un de ces chasseurs amoureux de l’impur. Le corps, gracile et faible, ne comprenait pas le sens de tous ses mots à vrai dire, aussi se laissa t’il faire quand des mains se posèrent sur lui, le sortirent du lac et lui apprirent à marcher. Mais l’esprit… L’esprit lui, écoutait avec tant d’attention qui semblait déjà décortiquer les mots ; le sens lui échappaient encore certes, mais il appréciait les diverses déclinaisons qui s’offraient ainsi à lui, les ressemblances, les familles qui se formaient dans ces synapses en branle. C’était un véritable délice à vrai dire, comme un festin abondant de termes qui sonnaient comme la plus délicate des musiques.
Lotte était née.
Et la petite Lotte savourant tous ces mots et ces sensations nouvelles, ne remarqua pas tout de suite que d’autres voix extrayaient du bassin deux autres enfants - des triplés.
On aurait dit un serpent qui passait la tête de terrier en terrier, recherchant quelconque lapin pour se substanter. L'aiguille de Lotte passait à travers le tissu avec une précision remarquable et la brunette ne le cachaient pas le moindre du monde à ses deux camarades. Bombant quelque-peu le torse, elle leva la main, attirant presque irrémédiablement sa chargée de sanctuaire, responsable de son éductaion.
-Jolis points Lotte ! Bon travail !
On n'aurait pas pu voir plus grande fierté dans les yeux corbeaux de l'éternelle alors que son frère et sa soeur se retournèrent vers elle, un air dépité gravé sur le visage. Ondin, le grand garçon aux airs de quarantenaire en était encore à essayer de saisir l'aiguille, alors que Blanche - la belle et sulfureuse rousse - se battait avec son aiguille pour copier comme elle le pouvait sur Lotte.
Justement cette dernière se débarrassait déjà de ses gants (simple précaution pour elle qui ne risquait pas de faire couler le sang, un acte considéré comme impur dans sa religion) sortait déjà un livre, prête à le dévorer.
Et alors que la chargée de sanctuaire inspectait la toge fabriquée par la jeune éternelle, elle observa quelques-instants les trois jeunes éternels qui lui faisait face.
Tous trois des bons éléments, chacun à sa manière. Ondin était un grand sportif, classiquo basique, un peu idiot qui se destinait aux chasseurs - au grand dam de ses deux soeurs. Elles espéraient toutes deux rejoindre le Culte. Enfin... C'était surtout Lotte qui rêvait du Culte. La pauvre Blanche ne faisait que suivre : elle était moins que Lotte que Lotte. Moins habile, moins réfléchie, moins appliquée... Et la plus chétive dépassait largement son adelphe, et ce, dans tous les domaines. Quel dommage que Blanche n'aie pas d'objectif propre de voie qu'elle se serait elle même dessinée, elle possédait pourtant une grande humilité ainsi qu'une ruse légendaire.
Alala, dire que ces trois là allaient participer au prochain baptême prochainement. À n'en pas douter : Lotte était la plus prometteuse de tous.
La pomme de terre plongea dans le seau d'eau, créant à sa suite un bal d'écume. La main blanchâtre la fit tournoyer avant de la sortir soudainement : éclaboussant les dalles de pierre au sol. Le pauvre légume se retrouva ensuite jeté dans un seau de bois comme un malpropre. Emprisonné sur les cadavres de ses soeurs. Sans considération aucune pour le destin tragique du tubercule, la main se saisit prestement d'une autre pomme de terre. Puis, armée de gestes précis et d'un économe - déshabilla la précieuse bourgeoise populaire. Voilà plusieurs heures que les doigts s'affairait ainsi sur des patates, si bien qu'elle était recouverte d'épluchures et que la paume rougissait dangereusement.
Lotte secoua la tête, comme pour tenter d'oublier que du vrai sang coulait dans ses veines. La petite brune se concentrait uniquement sur son objectif : éplucher huit-cents patates pour le repas de ce soir. Huit-cent. C'était beaucoup quand on y pense.. Et la brunette s'interrogea un moment, combien de chargées et de nouveaux nés habitaient les couloirs du lieu, au juste ? Elle voyait toujours le même petit groupe de personnes : les chargés responsables de son éducation, ainsi que ses adelphes aspirants. A vrai dire l'enfant Lune doutait même d'avoir croisé un seul nouveau né depuis qu'elle avait réussi à rentrer -ou plutôt à rester en tant qu'apprentie- au sanctuaire comme aspirante. C'était étrange, cela faisait quand même plusieurs couples d'années qu'elle trimait, effectuant chaque besogne sans rechigner et on ne lui avait pas encore permis d'assister à une seule naissance.
Pourtant elle avait bien tout lu à ce sujet ; et était certaine d'être prête, dommage que sa chargée ne le remarquait pas elle.
-Pff. J'en ai assez d'épluchez, de balayer, d'astiquer... râla Blanche comme pour confirmer les pensées de sa jumelle.
Lotte plongea son regard corbeau sur le corps formé de sa rouquine de soeur -même sous sa longue toge noire (typique des aspirantes) on pouvait voir qu'elle avait une apparence beaucoup plus mature que la brune. Pourtant, plus le temps avançait et plus Blanche faisait preuve d'un manque flagrant de maturité, elle n'arrêtait pas de râler etd'houspiller, et faisait la plupart de ses corvées sans aucune once de motivation. Tout le contraire de Lotte - et parfois Blanche énervait la brune, elle l'exaspérait même. Elle qui faisait tant d'effort pour être parfaite était sans cesse rabaissée par le comportement paresseux de la rousse - par malheur lié à elle, par le destin de la naissance. Pourtant la brunette aimait profondément la rousse, après tout, depuis que Ondin était parti pour rejoindre les chasseurs c'était la seule "famille" qui lui restait.
-Certaine ? Je n'ai pas eu loisir d'observer ta corvée entamée.. Lança malicieusement Lotte en jetant des coups d'oeil successifs à son seau et à celui de sa soeur - inégalement remplis.
Tout autant vexé, qu'amusée, la rousse claqua des doigts. C'est alors qu'une partie de l'eau du seau s'envola : quelques gouttes vinrent frapper le visage pur et blanchâtre de Lotte qui se mit à rire face aux attaques de sa petite soeur. Malgré son caractère de cochon paresseux ; Blanche avait obtenu un pouvoir extraordinaire : elle était capable de contrôler l'eau. Pratique pour le linge ; la rousse n'avait pas besoin de passer par le lavoir. Faisant fi de la gravité, voilà de grosses poches d'eau qui s'envolèrent et propulsèrent diverses plus petites gouttelettes sur la brune. Loin de se laisser faire, Lotte attrapa son balai posé nonchalamment sur le sol et donna un coup magistral dans la bulle d'eau, celle ci éclata !
-Ahhhh ! cria Blanche Tu va voir, l'enfant Lune ! Aha !
Blanche s'était maintenant levé et créa une légère pluie évanescente, qui éclaboussait les cheveux noirs charbons de Lotte. Les deux éternelles jouèrent un moment. Leurs rires rebondissant en écho sur les murs du sanctuaire alors que leurs pieds nus entamait une course poursuite légère, presque spatiale sur les dalles. Lotte courait et riait à s'en percer les poumons. C'est vrai que parfois, elle se disait que la vie au sanctuaire passait pour ennuyeuse aussi ne crachait t'elle jamais sur un moment d'égarement et d'amusement. La petite brunette se réfugia derrière un pan de mur, avant de s'accroupir, d'écarter sa mâchoire pour vomir un énorme livre à la reliure en cuir. Ce dernier faisait au moins la taille de sa tête. Lotte n'y faisait plus attention mais elle savait que c'était un spectacle étrange lorsque sa bouche s'élargissait ainsi pour laisser passer son livre-estomac. Elle ouvrit le carnet à une page au hasard, se saisit du crayon de bois accroché à celui-ci et écrivit en ricanant quelque-chose sur une page déjà noircis de mots illisibles. Puis elle sortit de sa cachette en souriant de toutes ses dents, voilà la rousse qui se retourna vers elle ; et s'apprêta à lui lancer une fulgurante attaque pistolet à eau : lorsque Lotte se créa un abri,avec ses armes favorites - es mots.
-Dis-moi, dis moi... Quel est ton patronyme, déjà ?
L'éternelle qui lui servait de soeur, fronça un instant les sourcils avant de (d'un claquement de doigt) faire retourner l'eau dans les seaux qui servait à nettoyer les pommes de terre.
-Je.. Oh non, Lotte, c'est pas drôle, pas encore ! rends moi mon nom ! se plaignit la rousse en sautant sur sa soeur éternelle
Les deux amies se retrouvèrent l'une sur l'autre, leurs rires cristallins semblaient habillaient leurs deux corps d'une douce chaleur, alors la rousse chatouillait la brune qui était complètement victime des doigts de la son adelphe. Mais le brouhaha des ses jeux enfantins finit par atterrir dans les oreilles d'une chargée de sanctuaire, qui accourut vers les deux soeur, les sépara, frçant Lotte à gommer le nom de sa soeur et ainsi à lui rendre. La responsable les réprimanda ensuite longuement.
Lotte et Blanche fixèrent leurs pieds nus, tout en observant leur reflet honteux se reflétait sur une flaque d'eau pathétique, au sol. Elles écoutèrent avec attention les réprimandes de leur supérieure mais à la vérité, Lotte savait parfaitement ce qu'elle avait à se reprocher.
Et ce qu'elle n'avait pas aussi...
-Si seulement vous nous laissiez vous aidez avec les nouveaux nés ! Vous savez que nous sommes prêtes, pourtant ?
L'arrogance et la présomption de l'enfant lune semblèrent choquer l'éternelle la plus âgée, qui se décomposa littéralement. Cette enfant manquait d'humilité à ne pas en douter.
-Ce que je sais, c'est que vous en êtes encore à vous chamailler. Vous nous aiderez avec les nouveaux nés quand il sera temps. Pour le moment nettoyez-moi tout ce bazar. répliqua t'elle sèchement.
Des nuages de poussières se croisaient et se décroisaient sans cesse. Aspirés par l'ample sifflement des balais de paille sur le sol. Cela faisait plusieurs heures que Blanche et Lotte rassemblait la poussière en un gros tas, à tel point que le soleil commençait à disparaitre, incendiant le ciel. Mais ni la rousse, ni la brune n'avait envie de s'extasier sur le beau spectacle des grains de poussières illuminés par le crépuscule. Car aujourd'hui était un grand jour pour la génération qui les suivait directement, aujourd'hui : ils allaient tous rencontrer l'oracle et commençait à dessiner leur destin. Et aujourd'hui les deux jeunes éternelles s'impatientait d'autant plus. Ménage, ménage, ménage... Leur éternité semblait particulièrement lassante et les deux soeurs ne rêvaient que d'un peu de confiance en leur capacités. Mais pour le moment, seul leurs balais avait pleinement confiance et dépoussiérait ces longs couloirs de pierre.
Tout aurait pu se passer normalement : les deux soeurs auraient fini de balayer, ce serait mise au souper avant d'enfiler leur toges du soir et de s'endormir dans leur dortoir. Tout aurait pu bien se passer. Si et seulement si, il n'y avait pas eu ce bruit.
Un bruit d'eau.
Intrigué, Lotte attrapa sa soeur par le bras et la traina vers le source du bruit. Bruit qui se répétait sans cesse. Elle tourna à droite vers le bruit, puis à gauche en direction du bruit et traversa un dédale de couloirs guidé par le bruit .
Blanche -soumise- se laissa ainsi trainer en criant toutefois plusieurs fois qu'elle devait finir leur travail avant. Mais la curiosité de Lotte était bien trop forte, après toutes ces années sans autre bruit que ses espoirs.
Finalement elle arriva au bruit.
Et son coeur rata un battement.
Elle n'était jamais revenue ici, depuis sa naissance - mais s'en souvenait parfaitement.
Le lac de l'éternité.
Et là bas, au centre du lac : une silhouette ; masculine et imposante. Et qui gesticulait en tout sens. Lotte fixa l'éternel les yeux brillants, mais sa soeur semblait moins enjouée.
- C'est surement arrivé pendant la relève... Lotte il faut qu'on aille prévenir une chargée. dit elle en se faisant volte face.
Mais le mouvement de la rousse fut brusquement stoppé par une petite main contre sa poignée. Lotte serrait fort sa soeur, un air déterminé sur le visage.
-Tu ne comprends pas Blanche. Un éternel nait -sans surveillance- et nous le trouvons. C'est notre déesse qui nous fait signe. C'est enfin l'occasion de montrer que nous sommes prêtes !
Blanche jeta un oeil curieux sur sa soeur. Elle pensait vraiment avoir était choisie par leur déesse ?
La brune avait fait toujours fait preuve d'arrogance, mais rarement elle ne s'était ainsi vendue. Blanche, elle, avait avait le moins le mérite d'être humble. Et surtout elle pensait vraiment qu'il était préférable de prévenir une chargée. Mais ses timides arguments ne faisait pas le poids face à l'éloquence quasi-mystique de la brune et les deux soeurs posèrent vite leurs balais, et se retrouvait maintenant à moitié immergée dans le lac, marchant jusqu'à la silhouette.
A mesure qu'elle s'approchait Lotte détaillait avec attention l'éternel : il était grand et imposant -beaucoup plus que encore qu'Ondin. Quand elle arriva à son niveau, elle jeta un coup d'oeil mi-anxieuse, mi-surexcitée à sa soeur, alors que ses deux petites mains blanches entourait l'un des bras musclés de l'éternel. Quand les deux furent sures qu'elle tenaient toute deux bien le nouveau né, Lotte fit un signe de tête et elle soulevèrent de toutes leurs forces l'éternel sans nom.
-On va t'apprendre à marcher d'abord. Je sais que c'est étrange, tu dois te poser pleins de questions. articula doucement Lotte.
Des questions. Il s'en posait c'était certain... Mais pas patient, il ne voulait pas attendre les réponses et se mit à gesticuler. Sa trop grande force qu'il ne contrôlait pas encore firent tomber à la renverse Lotte et Blanche. L'éternel resta pantois quelques instants face à à la mini vague soulevée par les deux filles, avant de se laisser tomber à son tour, face contre terre, dans le lac.
Trempée, frigorifiée, effrayée : Blanche tremblait de plus en plus. Oh non ce n'était pas une bonne idée. Même la suiveuse qu'elle était ne pouvait prendre de si grands risques pour sa soeur, aussi elle se releva rapidement et courut, disparaissant dans les sombres couloirs. Lotte se releva quelques secondes à peine et ses cris ne suffirent pas à arrêter la fuite effrénée de sa soeur. Peu à l'aise, elle regarda à droite puis à gauche avant de refixer son attention sur l'éternel qui... se noyait.
Le coeur de Lotte ne fit qu'un tour, elle plongea sous le nouveau né et poussa de toutes ses forces avec ses petits muscles de fillette. L'éternel s'agitait comme n'importe quel nouveau né le ferait mais son poids et sa taille n'était pas celle de n'importe quel nouveau né. Aussi Lotte eut beaucoup de difficulté à le retourner et à la ramener au bord du lac. L'éternel était si agité : ses bras gesticulaient en tout sens. Et combiné au peu de force physique accordée à la brune, rendait la tâche ardue.
Le bruit du corps de l'éternel contre le marbre qui entourait le lac résonna dans tout le sanctuaire. Lotte, essoufflée, vérifia que le nouveau né respirait encore - merci à sa déesse, c'était le cas. La petite brune expira longuement alors que l'éternel masculin s'éveillait lentement de ce qui semblait n'être qu'une sieste.
Ploc.
Le bruit distinct d'une goutte. Intrigué l'enfant lune regarda à ses pieds et observait maintenant un léger filet de rouge qui s'évaporait dans l'eau pure du lac. Ses yeux s'écarquillèrent, tout son corps se mit à trembler alors qu'elle montait doucement sa main vers son nez. Un liquide, chaud s'en échappait.
Lotte vit son monde s'écrouler, il lui semblait que son âme se décomposait en des milliers de fleurs de cerisier qui s'envolait doucement au vent. Laissant son corps -simple tronc d'arbre- mourrir petit à petit. Sa pensée n'avait plus aucun sens. Les mots perdaient tout leur charme. Et son rêve disparut comme un mirage sous le désert. La pauvre petite ne pensait plus, ne bougeait plus. Seuls ses yeux semblaient encore vivants, tant que son corps pâlit perdant deux trois nuances de blanc. Des yeux qui s'écarquillait face à la terrible évidence : du sang, son sang tombé dans le lac.
Et ce rouge, ce terrible rouge s'imprima lentement dans l'esprit de la brune. Tatouant au fer brulant tous ses souvenirs. Lotte n'entendit pas de suite les pas pressés qui accoururent vers elle.
- Blanche ! Ton pouvoir !
La brune ne comprenait plus ce qui l'entourait, une phrase jeté dans l'oreille d'une sourde, d'une illettrée. Seul le sang mélangé à l'eau. Cette portion qui s'envolait maintenant, quittant pour jamais le lac de l'éternité. Lotte elle, restait immobile, inutile. La voilà soulevé de terre et pressée contre un mur, face à elle des chargés de sanctuaires qui lui hurlait dessus sans qu'elle ne comprenne rien. Passive.
Et soudain dans cette obscurité ambiante, quelques mots sortirent, petites bougies placées là par hasard :
-Ah... Blanche est partie. On pouvait le faire à deux mais.. C'est pas ma...
Un cri vint couper les mots par un autre : "menteuse !" et le visage de Blanche qui apparait : haineux. Dessinant par des rides toute l'envie et la jalousie accumulée jusque-là dévoilant une réalité toute autre.... Blanche est tout de suite partie prévenir les chargés. Blanche n'est pas rentré dans le lac, sa robe n'est même pas mouillé. Lotte ne prend même pas la peine de se demander ce que dit sa soeur, elle n'essaie pas de comprendre comment elle construit son mensonge, comment son pouvoir a désengorger de sa toge toute l'eau. Non. Elle est trop fragile, la lotte. Trop brisée. Et ses mots qu'elle aime tant viennent soudainement lui arracher une part de son âme :
Sang.
Trahison.
Exil.
Voilà la lune qui se brise.
La roue tourne, la roue tourne.
Le grincement du bois du chariot semblait répondre en écho aux lourds pas de la bestiole accrochée au chariot. L'expédition s'enfonçait de minutes en minutes dans une foret de plus en plus sombre, de plus en sauvage. Mais les ombres des cimes n'étaient rien en comparaison de celles qui habitaient l'esprit de la plus chétive de l'expédition.
Lotte regrettait déjà le confort du sanctuaire, la petite brune était coincée entre deux sacs de provisions, les mains enfermées dans une corde nouée. L'éternelle n'avait pas dit grands mots depuis son évanouissement d'hier mais elle ne pensait pas moins et les regards noirs qu'elle jetaient à ses semblables était assez éloquents pour un si petit corps. Ces geôliers était trois jeunes aspirants presque aussi jeune qu'elle, l'un dirigeait la bête en sifflotant un air populaire tandis que ses deux camarades semblaient ignorer les rebonds de la charette et jouait aux cartes. Les trois avaient pour point commun : une aura qui dégoulinait de bêtise - et la brunette se dit qui ne lui fallait que quelques mots pour les détourner de leurs foi... Car après tout, pas question de se laisser juger par ces idiots de l'administration qui osait s'opposait directement à son guide spirituel.
Et en effet, il ne lui fallut que quelques-mots.
Le conducteur émit bien quelques réserves mais elle furent vites balayés par la verve de la pâlichonne, et rapidement cette dernière eut le plaisir de tendre ses poignets et de sentir les liens qui la serraient, se délier. Le conducteur -qui décidément semblait être le chef, le cerveau et surtout le plus arrogant- regarda les deux autres comme si c'était son idée. Cette pauvre petite allait droit dans la gueule de l'administration, autant lui offrir un peu de confort.
Grand mal lui en fasse ! Quelques minutes s'écoulèrent à peine que voilà déjà Lotte qui se saisissait d'un balai et d'un coup magistral souleva un nuage de poussière qui cacha instantanément sa fuite. Le petit gabarit de la brune lui permit d'échapper rapidement aux regards et de se faufiler entre les grosses racines d'un arbre.
Les trois aspirants paniquèrent un moment, cherchant l'éternelle un peu partout. Finalement ils finirent pas se sentir aussi bête que la brune les avaient trouvés. Et ils continuèrent leur chemin en silence, laissant la honte et l'inquiétude les envahir. Comment l'administration allait t'elle gérer cette situation ?
Loin de leurs tourments, une petite Lotte tordit son petit corps et sortit de sa cachette. Elle marcha quelques instants sur la route en sens inverse en jetant des regards inquiets de tous les cotés. Juste un peu de marche pour revenir au sanctuaire, hein ? Juste quelques pas... Mais après ?
Le crayon sillonne une page déjà noircie par un nombre incalculables de mots. Les phalanges qui le tiennent blanchissent sous l'effort, sous la colère. Et l'esprit qui le guide s'échauffent comme rarement il ne l'a déjà fait guidé par un sentiment tout nouveau : la vengeance.
Lotte réfugiée dans les hauts branchages d'un arbre des collines boisées, écrivait avec frénésie dans son précieux bouquin. Elle ne savait pas si son pouvoir marchait si la personne n'était pas présente, elle n'en avait aucune idée. Mais l'idée que sa stupide soeur se retrouve sourde, muette et illettrée l'enchantait grandement. Pardonne sa haine, grande déesse. Mais depuis que Lotte avait passé sa première nuit hors du sanctuaire, elle n'en pouvait plus. Dire que sa soeur... Avait menti. Pourquoi ? Par envie, assurément.
La petite brune attrapa un morceau du fruit typique qu'elle avait trouvé et croqua dedans. Beurk. Si seulement elle avait réussi à faire du feu... Bon au moins sa cueillette s'était bien déroulée, et elle avait trouvé à manger sans tomber sur un quelconque danger. Rangeant son livre, elle mit sa main gauche sur son front pour se protéger du soleil et regarda l'horizon. Presque sortie de la foret. Soupirant, l'éternelle attrapa une grande feuille et y enveloppa ses fruits à peine comestible. Quand elle s'était réveillée dans la foret il y a quelques jours, elle avait d'abord essayé de se rendre au sanctuaire. Sans réussite. Et face à ses peurs et aux histoires qu'elle avait entendues sur cet endroit, elle avait juré préférable de se rendre au sud même si cela faisait une trotte.
Pas bête, Lotte, savait qu'elle ne survivait pas longtemps dehors... Il fallait juste qu'elle arrive à atteindre la ville et qu'elle se faufile dans les bas fonds. Là bas, elle n'aurait aucun mal à retrouver son frère, Ondin. Les deux malgré leurs désaccords s'aimaient profondément et la brune n'avait aucun doute que le chasseur l'aide à aller plaider sa cause... Directement au Guide. Lui au moins aller reconnaitre que leur déesse l'avait choisi et ferait tout son possible -c'est à dire des miracles- pour qu'elle ne soit plus... (Oh. Lotte frissonna à cette pensée).. Exilée.
Oui, son plan était parfait ! Pensait Lotte en sautant au sol et en récupérant son balai de pailles -seule affaire qu'elle avait réussi à embarquer avec sa toge lors de mise en exil- et se mit à marcher vers le sud.
Restait à ne pas se faire bouffer en route....
L'épopée sylvestre est difficile, pour celle qui ne connaît d'aventure que les dalles du monastère. Et la fin et la saleté auront raison de sa présentation : la voilà amaigrie, les cheveux embraillées et les vêtements décousus. Là, voilà le palais sec : à courts de mots, à cours de souffle.
Et puis : libérée.
Les arbres laissent place à de grandes plaines, envahies d'étranges moutons.
Une chaumière, une bergère.
Et cette accueil chaleureux dans lequel, elle se perd.
Un bain, un repas, un sourire.
Et Lotte mentira, prétendra s'appeler Étole.
Et puis quelque part dans cette hospitalité...
Elle disparaît.
Odds & Ends
Depuis combien de temps ton personnage est-il arrivé ici ?
Plusieurs mois, elle ne saurait les compter.
Où a-t-il élu domicile ?
Lotte a erré. Longtemps. Désemparée par ce monde rendu froid en l'absence de sa précieuse déité. Et ce caprice d'enfant perdu au supermarché dura des mois, des longs mois d'obscurité qui creusèrent un peu plus ses brisures ; écartant le fosse de ses peines et de ses désillusions. Faisant saigner ses espoirs, et vaciller son caractère.
Seule sa foi, résista à ces mois ombragés.
Et son errance trouva sens, alors seulement que des brumes opaques lui ouvraient la porte d'une énième île. Là bas, des petites créatures récupèrent sa malingre silhouette et la menèrent à une statue. Preuve ultime que sa foi résiste au monde de l'oubli : voilà celle ci qui se mua en l'objet de ses prière. Sa déesse - et sa présence maternelle.
Alors elle se fit à nouveau pieuse ; dans ce nouveau temple qui lui offrit réparation. Et depuis lors, Lotte ne quitte plus 島 et a rejoint la garde chargée de protéger le temple ; et de veiller au bien être des Yokais.
Qui sait peut-être qu'à leur coté, Lotte réparera enfin cet astre brisé qu'est son âme ?
Seule sa foi, résista à ces mois ombragés.
Et son errance trouva sens, alors seulement que des brumes opaques lui ouvraient la porte d'une énième île. Là bas, des petites créatures récupèrent sa malingre silhouette et la menèrent à une statue. Preuve ultime que sa foi résiste au monde de l'oubli : voilà celle ci qui se mua en l'objet de ses prière. Sa déesse - et sa présence maternelle.
Alors elle se fit à nouveau pieuse ; dans ce nouveau temple qui lui offrit réparation. Et depuis lors, Lotte ne quitte plus 島 et a rejoint la garde chargée de protéger le temple ; et de veiller au bien être des Yokais.
Qui sait peut-être qu'à leur coté, Lotte réparera enfin cet astre brisé qu'est son âme ?
A-t-il gardé tous ses souvenirs de sa vie d'antan ?
oui.
Quel impact ton personnage aurait-il eu en arrivant dans ce monde ?
Apparition d'un lac rempli de grand lotus blancs sur 島. Les yokais aiment s'y prélasser.
Derrière l'écran
Re ! Ici Truite/Freesia à nouveau !
Je savais ma petite Lotte attendue, et je suis si heureux d'enfin évacuer la pression de pas pouvoir la jouer car trop liée au contexte de MagMell (Et d'avoir l'opportunité de la réparer, cette pauvre lotte)
Je savais ma petite Lotte attendue, et je suis si heureux d'enfin évacuer la pression de pas pouvoir la jouer car trop liée au contexte de MagMell (Et d'avoir l'opportunité de la réparer, cette pauvre lotte)