Il y a un an...

C'était étrange. Il n'appartenait pas à ce monde – mais il ne lui semblait pas avoir plus appartenu à celui dont il gardait des sensations floues – et pourtant la réalité semblait se plier pour qu'il s'y intègre, y trouve une place. Et par la réalité, il entendait un enchaînement d’événement et de rencontres fluides, allant bizarrement dans son sens. On ne l'avait pas que dépannait, on l'avait aidé à trouver un rôle dans le mécanisme de archipel, et l'initiative avait semblait celle de tous et de personne à la fois.

Le plus compliqué avait était de trouver ce qu'il pouvait faire, quelle pièce était-il parmi les autres rouages de la machinerie. Il lui avait fallut un moment pour se rappeler de se qu'il faisait avant, et quand il avait commencé à se souvenir, il s'était demandé s'il n'aurait pas préféré continuer d'oublier. Ce qu'il devinait de lui-même ressemblait trop à un meurtrier, quelqu'un qui se pensait bon plus qu'il ne l'était réellement.
Il avait voulu chercher ailleurs, trouver autre chose, désespérément, parce que ce n'était pas ce qu'il pouvait être ici. Un vendeur de mort, un boucher d'humain. La simple idée d'un lien avec la violence l'avait paralysée à chaque fois qu'elle était apparut dans son crâne.
Et finalement quelque chose d'autres c'était détaché du flou de sensations. C'était toujours un lien avec la violence, et cette notion de corps éclatés, abîmés et déshumanisés. Mais il était de l'autre côté cette fois, de ceux qui ressoudaient la chair plutôt que de la déchirer.  L'impression qu'il lui restait était celle d'une urgence permanente, trop prononcée pour qu'il ait simplement était un médecin de ville ou de campagne.

« Aedan ? »

L'homme releva la tête d'une liste de médicament, fixant des yeux écarquillés et perdus sur la femme venant d'ouvrir la porte du bureau qu'on lui avait prêté. Isabelle. C'était elle qui lui avait proposé de venir travailler dans son cabinet quand il était arrivé en ville. Le temps pour lui de s'habitue à son nouvel environnement, de  mettre à jours ses connaissances, et de réfléchir à ce qu'il ferait ensuite. Il ne s'était pas attendu à ce que le fossé entre là d'où il venait et où il était désormais soit aussi creusé : d'autres espèces que l'humain à soigner, des possibilités de médicaments multipliées, plusieurs faisant doublons ou n'ayant qu'une légèrement nuance qu'il était pourtant important d'apprendre. Aedan était là depuis maintenant presque un mois, rejoignant le décor du cabinet, déchargeant d'un patient en cas d'urgence ou de retard.

« Il y a un gamin qui vient d'arriver pour une urgence. Rien de trop grave mais je préfère pas le laisser attendre...
- Je m'en occupe.
- Il est dans la salle d'attente. »

Aedant la vit disparaître aussitôt, entendant une porte claquée un peu plus loin. Un début de nervosité commença à fleurir entre ses côtes, atténuée avec la barrière qui se dressait naturellement entre un médecin et son patient, mais malgré tout là. Il se leva, sentant la peau abîmée de ses bras et son dos le tirailler, et rangea rapidement quelques papiers sur son bureau resté impersonnel au mépris du moins qu'il y avait passé. Isabelle avait un goût marqué mais excellent en matière d'intérieur, ayant choisit des meubles en bois  et des petits bibelots en verre pour décorer leurs bureaux. Quelques chose qui brisé la sensation de froideur qu'Aedan ressentait à l’évocation des lieux de soins. Quand il avait questionné ses choix d'un point de vue hygiénique, elle avait haussé un sourcils d'un air irrité, puis l'avait ignoré. En quelques grandes foulées, il traversa le couloir séparant la salle d'attente de son bureau, sa grande main se refermant sur la poignet de la porte, qu'il poussa doucement, affichant un calme et une maîtrise se voulant rassurant.

La seule personne dans la pièce était une petite silhouette brune, prise dans la lumière colorée d'un des viraux avec lesquelles Isabelle avait remplacés les fenêtres du cabinet – ils lui interpellant son avant disait-elle. Le médecin esquissa un sourire poli vers le garçon.

« Bonjour. Si vous voulez bien me suivre... »