from me, the moon ❧ Astrid

Astrid c'est un condensé de nostalgie, une tristesse sur le visage qu'on a du mal à comprendre et à expliquer, que les sourires railleurs et taquins ne peuvent pas camoufler. Astrid on la voit debout sous la pluie à regarder les étoiles, à regretter une vie dont elle ne se souvient plus, mais qu'elle sait précieuse et douce. On la voit se glisser dans les ombres pour se cacher, rester seule un moment, comme pour échapper à la lourdeur de l'amnésie, parce qu'Astrid elle ne supporte pas de ne pas se souvenir, elle ne supporte pas ce goût âpre dans sa bouche, qui lui dit qu'elle a perdu des choses qu'elle chérissait, qu'elle ne s'en souviendra peut-être plus jamais des visages qui lui arrachaient des sourires, de ceux qui l'ont rendu profondémement heureuses.
Astrid c'est une ombre qu'on remarque à peine, peut-être un peu si on fait attention. Elle se glisse contre vous pour s'amuser un peu quand elle se sent d'humeur, quand elle n'a plus l'impression que le ciel bas et lourd pèse sur elle comme un couvercle. Elle vous sourira, elle se moquera un peu, Astrid, de votre manière de parler un peu loufoque peut-être, ou de votre coupe de cheveux qu'elle dira un peu ringarde, alors même que ses hauts en crochets ne sont pas des plus tendances, qu'on se demande si ses jupes trop longues n'ont pas été volées à une pauvre mamie, et que la plupart de ses mitaines sont un tantinet trouées. Et malgré tout ça, Astrid vous la regarderez se moquer, rire à s'en décrocher la mâchoire, à s'en percer les poumons, vous ne verrez rien d'autre que l'ombre du spleen sur son visage.

Pourtant Astrid reste un peu douce, aimante et attentionnée à sa façon, d'un romantisme qui ferait pâlir n'importe quel héros tragique. Elle perd son âme et son nez dans les romans d'amour qu'elle lit en boucle, encore et encore, qu'elle tient tant dans ses mains que la couverture a fini par s'effriter, que les pages sont froissées, déchirées, décollées à force d'être tournées, encore et encore. Astrid elle est secrète, et toutes ces facettes là, elle les garde bien pour elle, dans un coffre qu'elle a glissé contre son coeur, et vous ne saurez peut-être rien d'autre d'Astrid que ses blagues de mauvais goût, son air un peu mystique, son amour pour tout ce qui touche à l'ésotérique et à la sorcellerie - et la tristesse qui peint son visage comme un masque qu'on ne pourrait enlever.

collectionne les pierres, les mitaines et les jeux de tarots ❧ chantonne en per-ma-nence ❧ narcoleptique, ne vous étonnez pas si elle s'effondre d'un coup ou qu'elle somnole (ses crises de cataplexie empire lorsqu'elle utilise son pouvoir, rip) ❧ somnambule aussi, la totale ❧  a pris l'habitude de se cacher du soleil, alors elle a souvent une capuche sur la tête ❧ teint pâle, cernes jusqu'aux pieds ❧  son corps est parsemé de petits tatouages ; elle a oublié la signification de la plupart d'entre eux et cherche activement à les comprendre ❧ a un mur dans sa chambre sur lequel elle gribouille les pensées un peu déprimantes qui lui passent la tête ❧ grande fan de Twilight et d'ABBA et d'astrologie ❧ prétend pouvoir lire les lignes de la main ; la vérité c'est qu'elle dira systématiquement qu'elle "voit que tu vas mourir demain" et ça l'a fait toujours rire ❧ aime prétendre être un vampire aussi

Une enfance paisible, ce sont les seuls échos qu'Astrid a de sa vie. Une mère aimante, un père absent, dont on ne voit l'ombre que tard dans la nuit, lorsqu'il rentre d'un travail qui lui prend tant de temps qu'aujourd'hui, elle serait incapable de parler de son père, de quel genre d'homme il était et de sa relation avec lui ; mais ce qu'elle sait, c'est qu'elle y tient, à son père.

Une enfance baignée dans l'ombre, à fuir un soleil qu'Astrid craint, à se réfugier à la lueur d'une veilleuse qu'elle garde allumée encore aujourd'hui, toutes les nuits. Un oeil qui se glisse sous la porte, dans l'espoir d'apercevoir les chaussures parfaitement cirées d'un papa qui ne la prend que trop peu dans ses bras.
Un pouvoir qui se manifeste aux alentours de ses dix ans, qu'elle peine à comprendre, mais qui la rassure, qui la fait se sentir chez elle, qui répond aux questions existentielles qui taraudent cette enfant trop jeune pour déjà se demander ce qu'elle fait ici, pourquoi elle est là, quel est son but.

Et puis rien. Comme si Astrid s'était endormie un soir, dans sa chambre d'enfant, et s'était réveillée sur l'Abre aux Pendus, adulte et surtout amnésique. Etrangement pourtant, Astrid ne se sent ni perdue, ni en danger, ni quoique ce soit. Elle cherche à récupérer les vieux souvenirs qui grattent à la porte de son cerveau, qui ne demandent qu'à y entrer, à être chéris à nouveau.
Astrid est bien ici ; elle aimerait juste se souvenir.