Un p'tit sourire l'ami ? On est si bien ici !

Mesurant un mètre quatre-vingt neuf, Thahir reste grand pour son âge qui est de vingt-et-un ans. Ayant apparemment une enfance sportive, ses muscles se sont bien développés. Il a donc une carrure moyenne. Ses bras et ses jambes sont les parties les plus musclées ; ces dernières, étant longues et élancées, lui permettent de courir relativement rapidement. En outre, il peut facilement soulever un marteau ou une hache de poids moyen. Ses yeux vert émeraude brillent d'un éclat pétillant et sont mis en valeur par son teint mate, qui facilite grandement le bronzage. Néanmoins, ses cheveux s'accordent parfaitement à son teint de peau puisqu'ils sont de couleur brune. Ils peuvent paraître de taille courte mais sont plus longs qu'ils ne le laissent penser. En effet, le jeune homme, s'il les laisse bien souvent en bataille, a tout de même pris l'habitude de nouer une fine tresse du côté droit - chose à laquelle il tient beaucoup. Son nez, assez grand, peut faire de l'ombre à ses fines lèvres. Il porte à l'oreille gauche une fine boucle d'oreille de métal, impossible de savoir d'où elle vient. Thahir arbore aussi quelques tâches de rousseur au niveau des joues qui, si elles se cachent habituellement, ont tendance à ressortir avec la douce lumière du soleil. Au premier coup d’œil, il est facile de penser que Thahir se pare de beaux vêtements. En effet, il arbore très régulièrement une longue tunique noire recouverte d'une légère cape jaune qui s'arrête à la moitié du dos. Il n'est pas rare de le voir avec divers foulards. Néanmoins, ce sont là les seuls tissus nobles qu'il possède. S'il prête peu d'attention à l'apparence, il accorde un soin particulier à ses vêtements. Pour quelle raison ? Ma mémoire me fait soudain défaut voyez-vous. Son état de santé reste relativement bon dans l'ensemble, il n'est ni particulièrement robuste ni extrêmement fragile. Il garde quelques séquelles de maladies.

Le sourire, toujours le sourire, l'allure fière, le pas sautillant, confiant, des salutations enjouées, une aide précieuse et immédiate, du travail acharné, un empathie touchante : nous pourrions résumer ainsi, du moins en apparence, le caractère de Thahir. Si toute ces qualités sont indéniables, ce serait là oublier quelques autres traits de sa personnalité En effet, même s'il peut se tuer à la tâche, le jeune homme brille par sa mémoire courte : n'est-il donc pas capable de bien retenir une demande ou même une information ? En outre, il prend rarement les choses au sérieux, menant à des situations bien étranges ; elles débouchent alors, souvent, sur des quiproquos ou des prises de tête sans nom dont lui même n'a même pas conscience : pourquoi se prendre la tête ? Le jeune homme brille par son innocence, reflet profond des illusions qu'il se fait sur la vie. Malheureusement pour lui, à ce défaut s'ajoute sa grand naïveté. Fera-t-il seulement attention aux pièges tendus par autrui ? Pourtant, certains diront que le jeune homme n'hésite jamais à aider son prochain. Thahir souffre d'un syndrome du saveur qui le pousse à se pencher vers toute personne qui croise sa route. Or, même s'il n'en a pas conscience, il attache beaucoup d'importance à la reconnaissance des autres personnes, comme pour flatter son ego grandissant... Les opinions du jeune homme sont arrêtées même s'il s'évertue à réfléchir sur le monde.
Mais l'essentiel : Il tient à la bière ! Après tout, il faut aussi sourire et puis passer de bonnes soirées... Allez, souris l'ami !

On l'a bien compris, la page est vide, blanche. Il y a bien quelques tâches d'encre mais elles ne forment pas des mots, des phrases, des lettres. Elles balayent les pages de long en large. Certaines plus grandes. D'autres aux contours bien précis. Voilà le seul travail qu'il reste de l'artisan. Rien de plus. Pourtant, contre toute attente, les tâches s'accordent un minimum. Elles forment des impressions variées. Intenses par endroit. Légères et fumeuses sur quelques pages. Voici ce qu'il se dégage.

Du soleil. Une large mer de soleil. Une large mer, tout simplement. L'air marin. La brise sur le visage. Le bruit des vagues. Mais pas que. Derrière, l'on entend des son indistincts. Des paroles ? Apparemment. Des visages brouillés, l'encre ne les dessine pas. L'on ressent de la transpiration, qui coule. Des mains fatiguées. Une faux sur le sol. Un travail de paysan... ? Sans doute. Le champ n'est pas à côté. Mais un peu plus loin. On crie. On lui demande de venir. Il faut y retourner. Il se fait tard. Y aller, oui... Mais où ? Pourquoi s'y rendre alors même qu'il ne veut pas ? Travailler... Barbant. Une voix plus rauque. Puis le soleil dans le dos, la faux dans la main, les pieds sur le chemin.

On bouge. Il y a de l'animation. Le soleil n'est plus, les murs bloquent ses rayons. Une douce odeur. Assez amère. Le ragoût... Mais qu'est-ce ? Il se pose sur la table. Les assiettes bougent. Ils sont sept à table. La pièce modeste. La vaisselle aussi. Deux filles, deux garçons... ? En plus de lui ? Le calcul est-il bon ? Deux adultes. Les parents. On mange, tranquillement. Cependant, la tension monte. Elle grimpe. Une véritable escalade. La père, deux fils. On essaye de tempérer, en vain. On finit par se taire. Quelqu'un se lève. La porte claque violemment. Le froid a le temps de rentrer. On soupire. On finit le ragoût. La tension reste palpable. Elle restera toujours palpable. Les tâches d'encre en sont la preuve.

Belle petite réunion entre trois personnes. Des amis ? Il repousse le livre. Il ne veut pas. C'est inutile. Autant reprendre la faux. Le refus des mots et des lettres. Purement et simplement. Ils sont agaçants. Prises de tête. Qui en a besoin ? Serait-ce là la raison des tâches d'encre ? Du désordre ? Qui sait...

Il y a le feu. Il y a la braise. Il y a la sueur. Il y a la chaleur. Il y a le bonheur. La découverte flamboyante. Rencontre extroardinaire et sublime. L'émerveillement soudain. Il en sera ainsi. Forgeron. Dans la Grande Ville. Celle dont nous rêvons tous.

Nous, souvenirs épars du jeune Thahir Fa'i.